mardi 22 juillet 2008

Souffle

Une brise glacée s'est enroulée ce matin
Des sentes enneigées aux arètes vives
Elle enrobe les arbres de son linceul
Voile jeté sur les crochets acérés tendus vers le ciel
Déchire la tiédeur à la saveur musquée
Piétine l'étuve de son pas mordant
Elle tempête dans les clochers
Articule le gong de la dernière chance
Envole les tuiles du renouveau
Une brise qui s'emballe et fend
Les racines qui craquent et se fendillent
Sous nos pas décidés à surmonter
La marée indicible qui s'accroche à nos visages
Meurtrissures avides de sang chaud
Vampire accablé par la solitude
Goule hystérique grinçant dans les ruines
Momie bruissant dans les feuillages mourants
Serpent qui rampe sans jamais se montrer
Caresse chuitante à donner la nausée
Vrille sclérosante qui entrave nos mouvements
Elle porte le froid, féconde la mort
Et dans un dernier hurlement sinistre
S'enfuit dans le lointain
Alors que se lève enfin l'aube

vendredi 4 juillet 2008

Faim de semaine

Que voulez-vous, juillet est enfin là, et partout on s'écrie "c'est les vacances", "rechergez vos batteries pour nous revenir en forme !", ou encore "profitez-en bien".

En profiter. Voilà quelque chose que je ne risque pas de faire. Pas de vacances cet été, au moins j'étais prévenu dès le départ. Mais c'est seulement maintenant qu'on se dit que finalement c'est bien pénible de continuer à travailler quand les autres partent en voyage, visitent leurs amis ou leur famille, ou encore s'éclatent comme ils peuvent.

M'enfin, je ferai comme je peux. Je profiterai de mes jours fériés. De mes week end. C'est un peu fatiguant à la longue mais ça donne l'impression d'être actif, de faire des choses, de bouger.

Qu'on se le dise. Profiter du beau temps tant qu'il y en a ! Devise à retenir dans cette chère Belgique...

jeudi 3 juillet 2008

Rive lointaine

Les petits pas ne font que tourner. Les grands pas ne mènent nulle part. Piétiner ou se perdre, telle semble être la fatalité réservée à l'Homme. Un grand saut vers l'avant. Mais le terrain est fragile. Une glissade vers l'arrière. Retour au point de départ. Un autre point de départ. Peut-être un peu plus haut que l'autre. Peut-être à côté.

Et recommencer. Avancer à tâtons, par prudence, puis par excès. Se prendre un pilier en aveugle. Avoir avant ça le temps d'hurler la joie d'être enfin libre. S'ensuit le cri de douleur de la désillusion.
Au changement suit le contre-sens, le statisme, le retour en arrière, le "y'en a marre de s'engluer !", le "faut qu'ça change !"

Un cycle dont on ne sait pas quelle sera la fin. Une spirale infernale qui nous entraîne vers un quelque part inconnu. Ou peut-être trop bien connu. Et redouté.

Comme beaucoup, l'envie me tenaille de sauter le pas. Je me dis, mais pourquoi devoir passer par ces étapes ridicules ? Les gens n'ont-ils pas un brin d'intelligence, ne peuvent-ils pas comprendre ce vers quoi nous devons avancer pour vivre dans un monde "plus juste", comme s'en vantent nos dirigeants ?

Une métaphore possible, celle des bancs de sable ?

Représentez-vous les phases d'évolution de nos civilisations comme un archipel d'îles. Nous sommes actuellement sur une île nommée "la France sous Nicolas Sarkozy", qui fait partie d'un chapelet d'îles qu'on pourrait basiquement appeler "la statique consommatrice, matérialiste, capitaliste, microéconomique". Au centre de ce groupe d'îlots se profile un léviathan, qui n'attend qu'une chose : que l'on pousse trop loin notre exploration vers lui, et que nous soyons entraînés dans son tourbillon destructeur. Représentez-le vous tel un béhémoth, entouré de sables traîtres, dans une mare asséchée.

Imaginez-vous à présent des chemins entre les îles. Ces chemins mouvants sont constamment affectés par les marées, fréquentes et brutales. Ce sont les bancs de sable. Permettant le passage d'un îlot à un autre, ils sont la seule voie offerte à l'humanité. A notre civilisation. Partout ailleurs, la mer en furie déchapine ses éléments contre les coquilles de noix qui tentent de tracer leur propre chemin. S'ils ont une volonté suffisante, ils y parviennent. Mais leur radeau de fortune ne pourrait jamais contenir l'humanité entière. Celle-ci est innombrable, peureuse, diverse, lente, lâche, indécise, fataliste. Elle préfère suivre le chemin le plus facile, se laisser porter par les sentier balisés.

Pour eux, certaines choses resteront des rives lointaines toute leur vie. Ils penseront que leurs descendants peut-être y parviendront. Fatalisme régressif.

Vous qui voulez traverser ces mers inconnues, n'attendez pas que l'humanité se réveille. Ou vous risquez d'attendre longtemps.

Arrêtez le massacre

Ce matin, devant un bol de chocolat chaud, je zappais comme à mon habitude sur la radio, lorsqu'arrivait une chanson qui ne me plaisait pas ou pire de la publicité. Bref, jusque-là rien que de très normal. Et puis au détour d'une fréquence dont je tairai le nom, ça me tombe dessus. Une reprise, que je n'avais jamais entendue.

On l'a souvent entendu à droite à gauche, les reprises sont très rarement à la hauteur des originaux, et ce titre en perd toute sa magie. Toute son âme. On dirait qu'ils tentent de gâcher le souvenir qu'on peut avoir de telles mélodies. Malgré son âge, Ella elle l'a n'a pas pris une ride, loin d'être vétuste. Et voilà qu'ils en font un remix à la noix. Sous fond de techno/dance à deux sous. Sans parler de la chanteuse...

Pauvre France Gall. Et pauvre Ella.
Pour la peine je mets la version originale.



Et le lien du massacre pour comparer : ICI

mercredi 2 juillet 2008

Philadelphia

Philadelphia. Une ville. Un film. Une bande originale magique. Streets of Philadelphia, par Bruce Springsteen.

Un livre à la base il me semble. Une question soulevée. L'homosexualité. Et la justice face aux idées préconçues dont nous sommes quotidiennement gavés. Qu'est-ce qui est bien ? Qu'est-ce qui est mal ? Est-ce mal parce que ce n'est pas naturel ? Pas normal ?

Mais qu'est-ce que la normalité ? Elle diffère d'une personne à une autre. Notre société glorifie les clichés, marginalise les vrais rebelles, ceux qui ne trouvent pas normal de cacher leurs vraies différences. Alors que fait ? Contester, rentrer dans la normalité ?

C'est ce qui se passe petit à petit. L'homosexualité est bien moins taboue aujourd'hui qu'il y a une dizaine d'années. En Europe, le phénomène d'émancipation s'accélère. Est-ce une bonne chose ? Sans doute. L'acceptation de la différence est la plus grande preuve d'intelligence et de socialisation dont nous puissions faire preuve.

Le principe est simple. La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres. Alors tant qu'il n'y a pas de gêne encourue, pourquoi se plaindre ? Pourquoi élever nos enfants dans la haine d'une chose que nous ne comprenons pas ?

Accepter l'existence de telles pratique ne signifie pas en faire son credo. Juste ne plus en faire toute une histoire. Sans considérer cela comme normal, sans même l'apprécier, ne plus considérer ses représentants comme des malades ou des bêtes.

L'âme de cette chanson me parle de cela. Elle me parle du refoulement, de la mise à l'écart. Pas par un rideau de fer, mais par une indifférence, qui se transforme en dédain outré lorsque certaines choses se savent. Le chemin dans la ville, au beau milieu des gens, devient une odyssée dans le monde de la solitude. Proximité physique mais éloignement spirituel. Une sorte de quarantaine mentale.

Tristesse et mélancolie. Continuation et renaissance. Voilà aussi ce que m'inspire cette mélodie.

Hum... Pas d'affichage direct de la vidéo que je voulais mettre. Voilà le lien ICI.

mardi 1 juillet 2008

Le silence fredonné

Le velours de ses lèvres carmines
Orne le satin suprême de son visage rieur
Entrouvertes sur un abîme
Elles laissent s'égrener le passage des heures

Tentatrices à peine écloses
S'étirent un instant complices
Rivière de l'hypnose
Avide de délices

Air sucré qui dévale
Les pentes de son apnée
Néant sonore qui s'étale
Soubresaut éthéré

Souffle doux et soyeux
Qui se tisse dans l'azur
Le fruit offert délicieux
Recolle les brisures

Une musique silencieuse
De ses lèvres s'écoule
Je la sens désireuse
D'un tonnerre qui roule

Une brise qui s'envole
Et s'enroule et s'endort
A son cou en corolles
Où le son est déjà mort